Au moment où j’écris ces lignes, mon second fils est âgé de 4 mois. C’est non sans émotions que je me replonge ici dans l’un, si ce n’est le plus intense et beau, moment de ma vie.
On pense être spoilée à tout jamais lorsqu’on a déjà donné la vie une première fois, mais chaque accouchement, chaque rencontre, est unique, et reste gravé dans la mémoire à tout jamais.
Je vous dévoile ici en quelques lignes comment s’est passé l’accouchement de mes rêves : être totalement actrice de celui-ci, un accouchement physiologique, malgré un déclenchement dans un hôpital, au Portugal.
Se préparer à accoucher de façon naturelle
Privilégier un accouchement physiologique, moins médicalisé qu’un accouchement classique en maternité, c’est comprendre que la nature fait bien les choses et nous permet de mettre au monde notre enfant sans intervention extérieure.
Soyons claires dès le départ, vouloir accoucher physiologiquement, c’est-à-dire sans péridurale, ça se prépare. Je dirais même que si ça n’est pas le projet de base, on ne peut jamais prédire à 100% de pouvoir bénéficier de la péridurale si tel est notre souhait, pour diverses raisons et dans ce cas, c’est toujours mieux d’être préparée à cette éventualité.
Ce que je déplore avec les séances de préparation à l’accouchement classiques, c’est qu’à aucun moment la gestion de la douleur et des peurs n’est évoquée, lorsque l’on souhaite se passer de cette anesthésie locale.
Pour mon premier enfantement en France, je m’étais imaginée de nombreux scénarii, le pire pour moi étant la césarienne, mais à aucun moment je n’avais envisagé ou entendu parler du déclenchement et des différentes méthodes qu’il existe à ce sujet. Ce n’est que bien des années plus tard que j’ai réalisé qu’arriver à terme ou le dépasser (surtout pour une primipare) était bien plus courant que ce que je pensais.
Tout cela m’a emmené à accoucher pour la première fois par déclenchement, sans la péridurale (car quand j’ai une idée je ne l’ai pas ailleurs), sans aucune façon concrète de gérer ma douleur. Je garde malgré tout un merveilleux souvenir de cette expérience que vous pouvez découvrir ici, et qui s’est heureusement très bien terminée ♡
Si l’on souhaite alors vivre cette expérience en étant l’actrice principale et non en la subissant, c’est à nous d’aller chercher les informations plus loin et d’expérimenter d’autres alternatives telles que la sophrologie, l’hypnose, l’acupressure, le chant prénatal, le yoga etc.
Également, ce qui en mon sens est primordial pour accoucher naturellement, après la rédaction d’un projet de naissance, dont je vous reparle juste après, c’est de faire un véritable travail sur soi.
Si l’on souhaite être dans la physiologie, il faut être en phase avec les sensations qui envahissent le corps et accepter le lâcher-prise. Contrôler son esprit et se laisser guider par la douleur est la clé.
Quelques jours avant la naissance
À cause de mon diabète gestationnel, le déclenchement était programmé le lendemain du terme. Moi qui rêvais d’un accouchement spontané, sûrement après avoir trop regardé de films romantiques où la poche des eaux se rompt et le couple part à toute allure, en pleine nuit, à la maternité, quelle ne fut pas ma déception.
Ce n’est pourtant pas faute d’avoir testé une multitude d’astuces naturelles quelques jours avant le terme, mais rien n’a fonctionné pour faire venir bébé.
Ayant déjà connu un déclenchement lors de mon premier accouchement, c’est ce que je redoutais le plus, connaissant désormais la douleur de celui-ci !
Sauf que cette fois, avec une préparation mentale bien différente, la façon dont j’ai vécu mon accouchement a été radicalement différente. Je ne l’ai pas subi, mais j’en été actrice.
L’indispensable projet de naissance pour un accouchement naturel
Ce qui a été essentiel fut pour nous le respect de notre projet de naissance. Si vous hésitez à en faire, je vous le recommande chaudement ! Ce n’est absolument pas des directives que vous donnez à l’équipe médicale, mais bel et bien vos différents souhaits, en envisageant toutes les situations possibles (déclenchement, césarienne d’urgence, etc), afin de travailler en équipe avec le personnel.
J’avais préparé deux versions, imprimées en plusieurs exemplaires, dont une, uniquement rédigée et détaillée sur plusieurs pages, et une autre tenant sur une seule feuille A4, avec les grandes lignes résumées par des pictogrammes.
Le voici ci-dessous juste à titre informatif, afin de vous donner une idée de ce à quoi ressemblait la version courte, en cas d’urgence.
Il est important de garder en tête que ce n’est pas parce que vous avez mûrement réfléchi en amont et écrit noir sur blanc vos diverses volontés, que le projet ne peut être changé ou adapté sur le moment, aussi bien par vous, que par l’équipe présente le jour de votre accouchement.
Dans notre cas, après plusieurs heures d’hospitalisation, j’ai changé d’avis sur le décollement des membranes et n’ai pas été autorisée à porter les vêtements de mon choix, tout le reste, bien plus important à mes yeux, ayant été respecté.
Jour du déclenchement, J+1
7 juin 2022, 8h00, Hôpital Garcia de Orta (Almada, Portugal)
J’expliquerai dans l’article dédié à mon troisième trimestre de grossesse, mon changement subit et tardif de suivi, passant finalement du privé au public.
Évidemment, il me fut impossible de fermer l’oeil la nuit précédant ce rendez-vous tant attendu.
Je n’ai finalement rencontré l’équipe de jour qu’aux alentours de 12h et mon mari ne pouvait être à mes côtés (période COVID) lorsque je rentrais dans les salles dédiées au pré-travail. Il m’a donc attendu une bonne partie de la journée dans le couloir en attendant d’avoir de mes nouvelles lorsque je m’échappais entre deux monitorings.
Le feeling est bien passé avec les premières infirmières que j’ai rencontrées ainsi que la gynécologue qui m’a ausculté, celles-ci ayant pris la peine de lire mon long projet de naissance de 4 pages. On m’a donc proposé un déclenchement par comprimé, car mon col était favorable (court, mou, ouvert à deux) et nous avions le temps de laisser le travail se faire encore tranquillement.
L’après-midi se passe sans rebondissements, les monitos sont bons et même si j’ai des contractions encore non douloureuses, je sens bien que le vrai travail n’a pas encore commencé. Je dis donc à mon mari de rentrer se reposer à la maison et de passer du temps avec notre aîné (gardé par ses grands-parents) en attendant que ça se mette en route.
20h, changement d’équipe
La nouvelle gynécologue de garde la nuit m’ausculte, je suis à 3cm. On échange sur mon projet de naissance. Quand elle prend conscience de mon souhait de me passer de la péridurale, elle m’informe qu’il vaut mieux ne plus prendre de nouveau comprimé (qu’il était possible de prendre par intervalles de 6h) car le travail a commencé. Même si celui-ci est long, forte de mon premier accouchement, je me rappelle qu’il ne faut pas vouloir accélérer inutilement les choses quand tout se passe bien.
Elle propose de me faire un décollement des membranes que j’accepte finalement. Alors que pour mon aîné, le décollement n’avait eu aucune conséquence, c’est cette fois-ci à ce moment-là que les choses se sont accélérées.
21h00, mise en place de ma bulle
J’appelle mon mari pour lui dire qu’il a le temps de prendre une douche avant de revenir tranquillement, car je le sais désormais, c’est pour cette nuit.
En attendant de pouvoir passer en salle de travail et le retrouver, je me mets dans ma bulle avec ma boîte Morphée pour me détendre, relis mes cartes mantra pour me donner de la force, en même temps que je me soulage grâce au ballon. Les contractions sont de plus en plus rapprochées et fortes, mais encore tout à fait supportables. Je décide de prendre une douche chaude et reviens dans ma chambre tout en ayant la respiration coupée à chacune d’entre elles.
J’aperçois à travers les portes vitrées mon mari qui est de retour, j’ai envie d’être avec lui, car je sais qu’il sera mon pilier pour affronter la douleur. Je demande à être de nouveau examinée, je ne suis qu’à 3cm et demi, mais on me dit que je vais pouvoir enfin passer à salle de travail et donc retrouver mon homme !
23h, changement de décor
Avant de pouvoir me transférer deux étages plus bas, on me place le cathéter, je dois retirer tous mes bijoux et laisser mes affaires personnelles pour ne prendre avec moi que le strict minimum.
Depuis mon brancard, je n’ai que quelques secondes pour échanger avec mon mari que je croise juste avant d’entrer dans la partie de l’hôpital dédiée aux accouchements. On me place dans une grande salle comprenant 6 lits. Je ne comprends pas très bien ce qui se passe, le stress commence à monter, les minutes passent, je suis toujours toute seule et cette fois-ci je me retrouve clouée à un lit et un monito… bien loin de mon projet de naissance ! Une nouvelle dame arrive, il ne reste plus que 4 places de libres et je me demande s’ils attendent qu’on soit au complet pour que l’on accouche toutes ensemble.
Une nouvelle équipe vient se présenter à moi, j’essaie très rapidement de leur expliquer mon projet de naissance. On me dit qu’il est bien intégré et de ne pas m’en faire, ils attendent seulement qu’une salle se libère pour pouvoir m’y transférer et y faire venir mon mari (les protocoles sanitaires liés au Covid sont toujours en place, nous avions dû faire un test PCR la veille du déclenchement).
Minuit, 8 juin 2022
Nous voilà enfin réunis, 16h après notre arrivée à l’hôpital ! C’est pour moi un bonheur et soulagement immense. La salle est minuscule, mais je m’y sens bien, car comme dans nos souhaits, on éteint toutes les lumières et ne reste que les diodes des appareils électroniques tamisant l’ambiance. Nous sommes uniquement tous les deux bercés par des hits portugais et internationaux. Je commence enfin à me détendre malgré l’intensité de plus en plus forte du travail qui ne s’est pas interrompu tout ce temps.
Je suis libre de mes mouvements, m’aide grandement du ballon et nous sommes tous les deux actifs face à la douleur. À chaque nouvelle vague qui arrive, mon homme me soulage grâce à l’acupressure, que nous avions étudié au préalable ensemble.
Les heures passent, la douleur devient de moins en moins supportable et la fatigue commence à se faire largement ressentir. À 2h du matin, pensant être bien avancée dans le travail, j’appuie sur le bouton pour demander de l’aide. Douche froide quand j’apprends que je ne suis ouverte qu’à 4. Je savais très bien que c’était une erreur de ma part de demander où j’en étais, car à ce moment-là, je perds pied.
Mes doutes et mes peurs commencent à prendre le dessus. C’est véritablement à cet instant précis que le co-parent a toute son importance et un rôle crucial à jouer lors de l’accouchement ! Il me rassure, m’enveloppe d’amour. Je reprends le contrôle et mes esprits.
03:30, quand la douleur n’est plus supportable
Malgré le chaud en bas du dos, les bonbons Krema, les massages, le ballon, la respiration, les encouragements et toute la meilleure volonté du monde, je n’y tiens plus. J’ai atteint mes limites et je réalise qu’en appuyant de nouveau sur le bouton pour demander de l’aide, il faudra passer à l’étape supérieure.
Ne pouvant retenir mes cris, le Dr me demande ce que je souhaite faire (à aucun moment jusqu’ici ils n’ont évoqué la péridurale afin de totalement respecter mon choix). Je ne suis qu’à 6, mais ressens déjà le besoin de pousser, je le sens tout près. Je demande à ce qu’elle me perce la poche des eaux, car il faut que la douleur s’arrête.
03:37, à la lueur de la lune comme dans mes rêves
7 minutes après la phase de la désespérance, il est là ! Les 4 minutes les plus intenses de ma vie. Ressentir le cercle de feu, sa descente, l’attraper puis le poser sur ma poitrine <3
Je suis si fière de nous ! De moi bien-sûr, mais encore plus de mon mari. Sans son soutien, je n’aurais pas pu être autant actrice de mon accouchement. Il a pu clamper le cordon une fois que celui-ci ait arrêté de battre. Cerise sur le gâteau, j’ai eu le droit à une présentation en bonne et due forme de mon placenta, chose que je n’avais pas eu l’occasion d’avoir lors de mon premier accouchement.
Au final, sur le papier mes deux accouchements semblent similaires : déclenchés après terme, voies basses, sans péri, ni déchirure… mais à l’opposé en termes de gestion de la douleur et de travail d’équipe avec mon amoureux, ce qui a rendu l’expérience encore plus belle.
Si toi qui es en train de lire ces lignes, tu rêves d’un accouchement physio, et appréhende de le vivre en maternité, car tu n’as pas accès à une maison de naissance ou ne peut le faire chez toi (pas possible en cas de diabète gestationnel par exemple), sache que ce n’est pas le lieu qui compte, mais bel et bien l’intervention de l’équipe médicale durant l’accouchement qui est déterminant.
Prépare toi du mieux que tu peux, le plus en amont possible et tout se passera bien 🙂
Pour ma part, ressentir pleinement l’arrivée de mon fils, vivre intensément chaque étape en pleine conscience fut une chance incroyable et le plus grand privilège que j’ai pu avoir en tant que femme.
La petite vidéo émotion qui résume les heures précédent la naissance de Sandro ♡
jerome says
ça m’a replongé à la naissance de mes enfants ^^
marine says
Ravie de vous avoir replongé dans de si beaux souvenirs 🙂