Trois mois se sont écoulés depuis mon dernier article. J’ai enfin retrouvé l’envie (et le temps) de revenir sur ce moment unique dans une vie : devenir mère. Ces quelques lignes sont loin de retranscrire l’ensemble des émotions que nous avons vécu au début du mois de juin 2019. Elles auront le mérite d’être là, un autre bout de mon histoire que je partage sur ce blog, tel un carnet de pensées. Par mes mots, je veux vous raconter à quel point donner la vie, peu importe la façon, c’est beau.
Je suis heureuse d’avoir porté mon bébé jusqu’au terme. Ce temps fut nécessaire pour que je sois pleinement prête à l’accueillir. J’ai profité jusqu’au bout de ne l’avoir rien que pour moi. Et puis, j’ai aimé mon gros bidon. Moi qui n’ai jamais eu de forme de ma vie, j’ai apprécié ces jolies rondeurs. Me sentir femme pour la première fois.
Les valises étaient dans la voiture trois semaines avant le grand jour. Lorsque j’ai rédigé le bilan de mon dernier trimestre de grossesse, je pensais ne plus attendre bien longtemps avant la rencontre. Si ces trois derniers mois se sont bien passés, les dernières journées d’attente ont été longues car tout le monde s’impatientait ! Notre bébé avait quant à lui décidé de faire durer le plaisir, au-delà de ce qu’on nous avait annoncé…
Je sens quelques contractions mais elles ne sont pas douloureuses. Je me sens bizarre, comme si l’approche du grand jour commence à faire monter la pression. C’est un moment particulier que de savoir que l’on est sur le point de donner la vie, sans savoir comment cela va se passer et qu’on est très loin de tout maîtriser. J’avais bien lu qu’il était inutile de s’imaginer son accouchement, de ressentir du stress, de se faire des scénarios… mais ces pensées sont incontrôlables. Mon souhait était d’avoir un accouchement le plus naturel qui soit. Arriver à gérer la douleur sans péridurale.
Avec le recul, ce que je retiens c’est qu’il ne faut pas sous estimer son corps. Nous sommes faites pour donner la vie. La douleur est là, mais mettre au monde l’innocence la fait rapidement oublier.
9h00. Rendez-vous de contrôle à la maternité le jour du terme. Sur le trajet, je me perds dans mes pensées, nous sommes étrangement silencieux. Je sais très bien qu’il peut se passer encore plusieurs jours avant mon accouchement. Aucun symptôme annonciateur n’est encore apparu. Pourtant, lorsque nous avons quitté la maison de mes parents où nous séjournons temporairement, le temps de la naissance, j’ai le sentiment que nous ne reviendrons pas seuls.
10h00. Il fait très chaud dehors, comme une belle journée d’été au printemps, ce dont j’avais secrètement rêvé. Le monito est bon, bébé va bien, j’ai des contractions non douloureuses et un col déjà ouvert à 3. La sage-femme nous dit d’aller déjeuner et de revenir en début d’après-midi pour un nouveau contrôle.
15h00. À croire que j’accoucherais en avance, les dernières journées ont parues interminables. C’est donc une surprise quand ils décident de me garder. Comme si on ne s’y attendait plus… Pourtant, au fond de moi, je sais que le vrai travail n’a pas encore commencé et doute rencontrer notre enfant ce même jour.
17h00. Les heures défilent sans trop d’évolution. Nous nous installons dans notre chambre (comme à l’hôtel ^^) et allons nous balader avant le prochain contrôle. Mon col continue de s’ouvrir. Je fais du ballon, on refait le monde, je quémande un sandwich car je sens que la nuit va être longue.
21h, 22h, 23h, minuit. Mon bébé ne sera pas du 1er juin. Je me pose la question de savoir si je vais réellement accoucher un jour…
4h00. Enième monito. Je craque et demande à aller dormir dans notre chambre car rien de plus ne se passe. La sage-femme de garde m’informe alors qu’on me déclenchera le lendemain matin à la première heure. Je ne sais pas bien si cette nouvelle m’attriste, me soulage ou m’angoisse. Sans doute un mix des trois.
8h00. On frappe à la porte. La sage-femme de la veille, d’une extrême gentillesse, me demande d’aller prendre une douche et de descendre en salle de travail dès que je suis prête. Le tout sans passer par la case déjeuner… Cette fois-ci, je commence à réaliser que les choses sérieuses vont commencer. Dernier selfie dans l’ascenseur avec mon homme et mon gros ventre.
9h00. L’ambiance est toujours joviale. Nous nous installons dans la dernière salle flambant neuve, toute équipée, pour commencer un travail en douceur. On nous installe un poste de musique, je m’applique à faire du ballon pendant que les hormones diffusées dans la perfusion commencent doucement à agir.
10h00. On regarde de nouveau mon col afin de voir son évolution depuis la veille, où on m’avait annoncé qu’il était ouvert à 6. Je dis en plaisantant à la sage-femme qu’il devrait au minimum être à 7, plus dilaté, en toute logique. Petit malaise. Les secondes passent et c’est le visage crispé qu’elle m’annonce trouver difficilement un col ouvert à 3-4. Choquée. Comment a-t-on pu m’annoncer à plusieurs reprises la veille, par différentes sage-femmes, un tel écart ? Les nerfs commencent à lâcher, je n’ai plus envie de rigoler et encore moins de passer la journée avec une perfusion dans le bras, à faire des monitos, le ventre vide, sans voir les choses avancer.
10h30. Je demande à augmenter le dosage dans la perfusion. A ce même moment, mon homme quitte la pièce pour aller me chercher une paire de chaussette dans la chambre. Il caille. Je suis seule, quand seulement quelques secondes après l’augmentation des hormones, une violente contraction apparait. Je crie. La seconde contraction qui s’enchaine très vite rompt la poche des eaux. Celles qui suivront seront d’une intensité à laquelle je n’étais pas préparée. La douleur et la peur se mélangent, je ne contrôle plus rien. Moi qui appréhendais de louper le moment où le travail allait commencer… Aucun doute n’est possible.
11h15. Chaque contraction me fait hurler d’une voix que je ne me connaissais pas. Je suis passée en à peine quelques minutes, de contractions naturelles très supportables, à de très violentes, car provoquées par les hormones. Je décide de revenir sur ma décision de péridurale. La douleur est telle que sans elle, j’ai l’impression que mon coeur va finir par lâcher. On doit alors me changer de pièce.
11h30. L’autre salle de travail se situe dans la pièce à côté, mais le « transfert » entre les deux me semble interminable. On m’installe tant bien que mal sur le côté, comme nous l’avions inscrit dans notre projet de naissance.
12h00. Je suis dans une bulle, l’impression de ne plus entendre ce qu’il se passe autour de moi. Je suis dos à la porte et ne vois que le visage rassurant de mon mari.
12h30. L’anesthésiste arrive, je ne le vois pas mais entend la sage-femme lui dire « c’est trop tard, elle est à dilatation complète ». Je pleure de plus belle. Je comprends qu’il est trop tard. Je pense que je vais mourir. L’hypnose apprise pendant les cours de préparation à l’accouchement ne m’effleure même pas l’esprit tellement je suis loin. On me propose du gaz hilarant qui me fait perdre la tête. Je ne sais plus bien ce que je dois faire, ni comment faire. Pourtant il faut y aller, le moment est arrivé.
12h39. Les contractions sont intenses et rapprochées mais courtes. Je broie la main de mon chéri à chacune d’entre elles, lui déchire même sa blouse ! C’est un travail d’équipe. Il m’apporte de l’air grâce à mon éventail car le brumisateur m’insupporte. Je pousse comme il faut mais pas assez longtemps pour faire suffisamment descendre bébé. Je relâche tout entre deux contractions, je m’économise croyant devoir garder des forces pour assurer un marathon.
13h09. Les minutes passent, cela fait une demi heure que je pousse, la sage-femme change de ton. On me fait comprendre qu’il est temps qu’il sorte. C’est lorsque j’entends mon mari dire d’une voix tremblante « j’ai vu la tête », que je réalise. On va avoir un bébé. Cette phrase me donne une force incroyable. À ce stade, nous ne savons toujours pas si c’est un garçon ou une fille. Au fond de moi, je sais.
13h24. 45 minutes après, tu es là. Sans égratignures. On pleure. Cela dépasse ce que je m’étais imaginée. Tu es encore plus beau que dans mes rêves les plus fous. Je ne regarderais plus jamais mon corps de la même façon. Merci à lui, à mon homme pour son soutien, grâce à eux je suis comblée comme jamais.
♡♡♡
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Lolli says
Félicitations pour cette belle naissance pleine de courage et de patience, une belle continuation à 3 🙂
marine says
Merci beaucoup ! 🙂
Et voilà j’ai pleuré <3
<3 <3 <3